REPRESSION A VEYRINES DE DOMME

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REPRESSION CONTRE LES RESISTANTS DE LA M.O.I. EN 1944

La M.O.I signifie main d'œuvre immigrée, elle représente une des catégories des francs tireurs partisans, leurs chefs locaux dans le secteur de Belvès sont Charles Henri Ordeig dit commandant Carlos, José Sanchez dit Flores. Carlos est né en 1913 à Mataros (Espagne). En 1936, Carlos entre en tant que volontaire à l'école de guerre de Barcelone, puis au fil du temps, il monte en grade et finit par devenir capitaine. Léon quant à lui s'est  engagé dans l'armée républicaine, quand Franco prend le pouvoir. Léon et Carlos fuient en France en 1939 et s'engagent dans la résistance quand la France est occupée.

Les personnes qui font partie du groupe de Veyrines de Domme sont José Flores Sanchez dit Flores, Angel Poyo Munboz dit El Chaufer, Augustin Crespo dit El Cocinero, Romero Desiderio Platero dit Luis, Raphaël Finkler dit Ralph, Léon Lichtenberg dit Phil et Antonio. Ils sont pour la plupart Espagnols, mais il y aussi des Polonais. Ralph Finkler, né en 1924 à Paris, rentre dans la Résistance quand il était encore élève au lycée de Périgueux. En juin 1943, il constitue avec Léon Lichtenberg et Georges Smolarsky, le trio dirigeant du MNCR (Mouvement National Contre le Racisme). Paul Frydman s'y associa, sous le nom de Dave. Plus tard, leur maison devient le QG de la résistance. Ils ont commencé à distribuer des tracts. Et 2 jeunes femmes du groupe cachent des aviateurs américains. Ce mouvement leur sert ensuite de tremplin vers la Résistance armée au sein de la MOI. En fin 1943 Phil rejoint un maquis de l'Armée secrète avec Ralph mais en 1944 ils quittent ce maquis pour aller dans un groupe de FTP-MOI.  Ralph et Phil participent à différents maquis, essentiellement espagnols, de la MOI dans le Sarladais. Lorsque Ralph Finkler et Phil Lichtenberg créent ensuite une compagnie juive de combat (d'une soixantaine d'hommes), qui participe aux combats de La Rochelle, ils lui donnent le nom de Paul Frydman, suite à son exécution par les Allemands, à Cornille, le 12 juin 1944.

Le groupe M.O.I. où se trouve Ralph Finkler  et Léon Lichtenberg dans le secteur de Belvès, est appelé la brigade motorisée car ils possèdent une voiture traction avant Citroën et une moto alors que les autres brigades ne se déplaçaient qu'en bicyclette.

Ils ont plusieurs caches comme « Le Canadier » et la forêt de la Bessède.

Le 16 Mars 1944, dans une ferme abandonnée dite « le Canadier », 5 des 7 maquisards de ce groupe motorisé, sont encerclés par un détachement de la garde mobile de Bergerac. Ralph parvient à s'échapper en sautant d'une fenêtre à 3 mètres du sol, il court et s'enfonce dans les bois et les broussailles. L'un d'eux est capturé, c'est Romero Desiderio Platero dit Luis, né le le 25 septembre 1915 à Fuente Obejuna . Il est emmené à Bergerac puis transporté à Limoges où il est fusillé le 25 avril 1944 après condamnation d'une cour martiale du régime de Vichy.

Malheureusement la garde mobile, unité paramilitaire créée par le gouvernement de Vichy, présente ces résistants comme "des bandits" : ils en font des exemples de l'ennemi terroriste étranger. 

Photo ci-dessus de cette brigade motorisée avec Ralph en haut à gauche et Flores en haut à droite.

Cache du Canadier où ces résistant ont été attaqués. Ci-dessous, la fenêtre du haut est celle d'où se sont échappés Luis et Ralph. Photos prises par les élèves.


Léon Lichtenberg est né en Pologne, en février 1925. Lui et sa famille viennent en France en 1928 à cause de l'antisémitisme. En 1936, Léon et sa famille partent à Périgueux où l'oncle était déjà installé. Les parents de Léon sont commerçants ambulants dans les marchés et ouvrent un magasin de confection dans la rue Wilson. Il se lie d'amitié avec Ralph Finkler et Paul Frydman. Cette amitié avec Ralph durera toute leur vie. Le 17 janvier 2011, Léon meurt de vieillesse à 85 ans durant la nuit.



La propagande diffusée par la presse française à propos des résistants rappelle celle organisée autour des FTP-MOI du groupe Manouchian, plus connu sous le nom de l'Affiche rouge, affiche placardée par les nazis sur les murs de Paris en 1944. Cette propagande laisse croire au peuple que les étrangers, les juifs, etc sont différents d'eux, qu'il sont inférieurs. Les nazis arrivent grâce à cette dernière à convaincre les habitants que les juifs sont une « race inférieure » et ainsi, suite aux restrictions et aux lois antisémites, les assassiner sans pitié. Ces Juifs étrangers sont toujours considérés comme artisans d'un complot contre la France.

Ci-dessous, lecture de la lettre de Missak Manouchian par des élèves de 3eD.

Les résistants sont présentés comme des bandits et de dangereux terroristes étrangers. Un procédé de la propagande bien rôdé que l'on retrouve à Paris (image de gauche contre le groupe Manouchian) comme en Dordogne (document de droite contre le groupe Mireille). Le groupe de Veyrines de Domme est aussi considéré comme un dangereux groupe terroriste (voir l'article du journal l'Avenir de la Dordogne du 27 mars 1944  ci-dessous conservé aux archives départementales).  

Ci-dessous, témoignage de Ralph Finkler, lu et enregistré par les élèves sous la direction de Fabien Bassot. Cette lecture est intégrée au documentaire réalisé par une autre classe (avec l'accompagnement technique et artistique de Hugo Dufour).


Voici quelques extraits du témoignage de Ralph Finkler écrit en 1994 : (les titres ont été rajoutés par nos soins)

DES AUTOCARS NOIRS

Partis de Bergerac, des autocars noirs contenant 50 à 80 hommes en tenue arrivent dans notre secteur vers les quatre heures. C'est l'escadron de gardes mobiles de Bergerac commandé par le sinistre capitaine Jean et encadré par l'équipe spéciale que ce dernier a formé dans la chasse aux maquisards. Aussitôt ils se répartissent les objectifs, sachant parfaitement, grâce à un délateur zélé, où s'adresser.

LES GARDES MOBILES ENCERCLENT LA MAISON

Notre maison est encerclée. Le reste de l'escadron envahit la cuvette de Veyrines. Tranquillement, les valets des nazis installent un F.M. Face à la porte, à l'orée du bois,à huit ou dix mètre. Un autre ou peut-être deux, à la sortie du bois, côté Est en bordure de la vigne, pointé sur la fenêtre ; Tout à coup c'est le signal, sans doute donné par le capitaine Jean : un coup de mousqueton déchire le silence, suivi aussitôt par des tirs de F.M. Durant quelques secondes. Tout s'arrête et une voix hurle : « Rendez-vous, vous êtes cernés ! ».

RALPH ET SES COMPAGNONS DANS LA BATAILLE

Florès est réveillé brutalement par les tirs et, réflexe normal, il se dresse. Le tir de F.M. Qui suit, dans l'axe et au travers de la porte, le fauche de plein fouet. Je comprends la situation avant que la voix n'ait lancé son avertissement. Je me laisse rouler sur le côté droit, j'enfile mes bottes (nous dormons toujours habillés), saisis ma mitraillette Sten, le ceinturon où est accroché mon pistolet Lama 9 mm et ma musette renfermant les chargeurs de la Sten et des grenades quadrillées Mils. Je me cale dans l'encoignure du mur et de la cheminée. Autour, l'obscurité, les cris, les jurons et ...des gémissements ! C'est Flores qui râle et appelle sa mère. Cela va durer longtemps, une éternité et va être insupportable.

Que faire ? Pas question de se rendre, cela ne traverse même pas l'esprit de quiconque, j'en suis persuadé ! Nous savons trop le sort qui nous serait réservé.

« Bueno ! Adios hombres y fuego ! » crie alors Madrilès qui commence à tirer à travers la porte. Luis d'un côté, moi de l'autre, tirons en rafales par la fenêtre...alors c'est l'enfer ! Ça tire de partout et de tout ! F.M., mitraillettes, fusils, grenades offensives qui arrivent sur le toit et font voler les tuiles en éclats.

Tout d'un coup, une clarté traverse la fumée et l'obscurité de la pièce, je me retourne et vois dans l'encadrement de la porte grande ouverte, Madrilès dressé qui tire, tire en hurlant, avant de s'abattre sur le perron. Nous saurons que plus tard, blessé, il a respecté la consigne et s'est logé une balle dans la tête.

SAUT PAR LA FENETRE, MORT DE LUIS

Luis dit : « camarades, il faut sauter par la fenêtre. » Je réponds : « j'y vais ». Mais je n'ai pas le temps de bouger qui notre cuisinier plus prompt, a enjambé, sauté et disparu...comme dans un film, je vois encore l'encadrement de la fenêtre, la vieille vigne éclairée comme de jour par un clair de lune magnifique et, au milieu, une silhouette courir en sautillant. Une courte rafale déchire le silence qui s'est instauré. Notre « cocinero » s'abat les bras en croix.

RALPH SAUTE A SON TOUR PAR LA FENETE

Une rage subite m'envahit ; j'ajuste ma mitraillette, je passe la bretelle de ma musette derrière le cou de façon à l'avoir devant moi, je prend une grenade et coince l'anneau de dégoupillage entre les dents, ainsi que me l'ont enseigné les camarades espagnols ; je m'accroupis sous la fenêtre et bondis sans même toucher le rebord. Toute ma rage, toute la force de mes 19 ans, l'instinct de conservation sont concentrés, je suis devenu un animal et je saute. Je m'écrase dans le fossé, ma Sten armée et hors du cran de sûreté, part toute seule. Un voix venant de la droite du bois crie : « Attention y'en a un autre qui fout le camp ! » et le F.M. Crache ! Je me catapulte d'un bond de près de trois mètres et m'écrase à nouveau dans l'herbe. D'instinct je suis parti sur ma gauche, hanté sûrement par l'image du cocinero formant une cible idéale complètement à découvert dans la vigne. Je dégoupille et expédie ma grenade, je m'aplatis de nouveau, me relève et fonce dans le maquis. Tête baissée, je cours sans m'occuper des branches et des ronces. Au contraire je préfère les endroits les plus épais où je n'aurais pas osé m'aventurer en temps normal tellement je veux éviter les endroits à découvert.

Une exposition installée au Canadier le 16 mars 2022 pour honorer la mémoire de ces combattants :

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